Comme une des seules choses que je sais bien faire :
mettre un pied devant l'autre, un pied au dessus de l'autre, je gravis cette
montagne.
Mon regard est perdu dans mes pensées. Mes jambes ont un
rythme que je n'ai plus besoin de contrôler, un rythme dont je n'ai plus besoin
d'avoir conscience.
Mon sac me pèse sur mon dos. Comme une volonté de ne pas
partir, j'emporte un souvenir à chaque pas, un souvenir de vous. Mais
inexorablement, les sommets me demandent.
Je suis parti ce matin sans voir là-haut, sans savoir
là-haut. J'ai pris mon sac sachant que j'allais vers les nuages.
J'ai atteint ces nuages. Je les ai touchés. Je me suis mis
sur la pointe de mes pieds, je me suis étiré de toute ma hauteur. Ma main a
disparu dans cette substance.
J'ai senti une chaleur sur mes doigts. J'ai senti, plus
haut, par delà cette épaisseur de nuage, il y a encore une montagne, un sommet.
Alors j'ai remué mes bras. J'ai agité mes bras comme pour écarter ce brouillard
au dessus de moi. J'ai vu ce que j'ai senti un peu avant.
Une vive lumière m’a éblouie. C’est une plaque, une roche
lisse et brillante sous le soleil. Un miroir qui se dressait devant moi, au
dessus de moi. Je n’étais pas encore arrivé, même si les nuages étaient là.
J'ai alors compris que je n'avais pas fini mon périple. J'ai
alors compris que celui-ci serait difficile.
J’ai arrêté de bouger mes bras au dessus de moi. Je les ai
remis sur les hanches. Les nuages ont repris leur place, me cachant de nouveau
cette parcelle de paroi que j’ai pu voir.
Je sais qu’il y a un sommet au dessus. Je sais que ce sera
difficile. J’ai remis mon sac sur mon dos, ce même sac chargé de souvenir et de
vous. Je suis parti à l’assaut de cette paroi, vers un sommet.
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